On a un gros problème Watson !


Hier après-midi j’ai reçu un long message de la part d’une amie. Après 9 ans, elle m’a annoncé que bien malgré elle, elle choisissait de mettre fin à notre amitié. Mon instabilité, mon autodestruction des 3 mois derniers la rendent anxieuse, inquiète et l’effraie. Elle a fait ce que ses amis, son entourage lui conseillait: Mettre fin à notre amitié pour se protéger elle-même.
Mais ce qui m’a accroché dans son message, c’est la vision qu’elle a du TPL, de la notion de choix que nous faisons tous en tant qu’homme et femme de nager ou de couler.

Est ce qu’une personne TPL fait le choix de s’auto-détruire? Faisons-nous le choix délibérer de rester dans l’état de crise que nous vivons ?
Non ! Du moins, pas consciemment.
Dans les épreuves et les défis que nous rencontrons tous (TPL ou pas!) nous traversons ce qui est appelé le cycle du changement. Ce cercle n’est pas unidirectionnel. Comme le cycle du deuil, le changement s’opère en plusieurs étapes qu’il faut traverser. Parfois, il est nécessaire de revenir en arrière pour mieux rebondir.
Par le cycle du changement, j’aimerais vous faire voir ce qu’une personne TPL peut traverser quant elle en vient à considérer sa vie comme insupportable…

La première étape de ce cycle se nomme la pré-contemplation.
Cette étape a duré 12 ans, à partir du jour où j’ai eu mon premier test de grossesse positif jusqu’à il y a un an, quand j’ai réalisé que ma vie était entrain de m’échapper et que j’étais entrain d’inculquer à mes enfants mes peurs et ma vision en partie éronnée de la vie, de la société et des relations interpersonnelles. J’avais enterré mon TPL très loin et je persistais à considérer mon trouble comme une chose du passé.
Autrement dit, dans cette étape, la personne ne reconnaît pas le problème.  Elle n’envisage pas de modifier quoi que ce soit et si elle reçoit des services psycho-sociaux, elle demeure passive et peut même être hostile à l’égard des thérapeutes.
Une personne TPL dans cette partie du cycle n’est pas en mesure de mettre le doigt sur ce qui la fait tant souffrir. Elle ne se comprend pas elle-même, se victimise dans les situations et reste finalement pessimiste quant aux possibilités de changement. Elle vit sans considérer que son état peut être un problème. Tout est la faute des autres.
C’est finalement une forme de négation du problème.

Vient ensuite la phase de contemplation.
Pour cette période, cette dernière année passée, je savais qu’il y avait un problème avec moi. Pendant cette période de temps, j’étais obsédée par mon état, par la situation. J’essayais de comprendre ce qui m’arrivait, de comprendre mes réactions. J’ai été consulter des médecins, me disant que je devais certainement avoir un problème hormonal ou une carence quelconque pour me sentir toujours aussi mal. Je cherchais mais je n’arrivais pas à saisir ce qui se passait. Malgré la souffrance de plus en plus présente, je n’étais tout de même pas prête à changer. J’ai pourtant eu plusieurs occasions de le faire, mais j’étais incapable de sauter le pas. C’est dans cet état que je suis arrivé en thérapie au mois de Juin dernier. Prête à soupeser les pours et les contres du changement.

En cours de thérapie, je me suis mise à considérer des moyens pour changer. C’est la phase de préparation. La première étape de cette phase est la reconnaissance du problème et le désir de changer ses habitudes de vie. La planification du changement se met en place. Avec mon intervenante de l’hôpital de jour, je me suis mise à considérer des moyens de vivre autrement mon stress et mes émotions. Je me suis mise à reconsidérer mes pensées automatiques, mes réactions, mes mécanismes de défenses.

Vient enfin la phase d’action. Cette phase, c’est celle qui m’habite présentement, la plupart du temps. Car comme je l’ai dit au départ, le cycle du changement n’est pas statique ni unidirectionnelle. Je pose des gestes concrèts, je m’engage dans ce que j’entreprend et je réajuste le tir au besoin. J’ai une meilleure confiance en mes capacités et j’ai espoir qu’un jour, j’y arriverai. Finalement, j’accepte de plus en plus de perdre les anciens gains associés à mes comportements. Je veux changer.

Enfin, là où je veux vraiment en venir, c’est la phase de maintien. J’aimerais avoir une meilleure confiance en mes capacités à faire face à une nouvelle situation de crise et développer plus de mécanismes pour faire face à une crise éventuelle.
J’aimerais terminer de faire les changements requis pour me sentir bien avec moi-même et rester motivée à les maintenir.

Voilà ce qu’est le changement ou plutôt les changements. L’être humain est en constant déséquilibre. Le déséquilibre est ce qui permet l’évolution de nous tous, malades ou en parfaite santé mentale !
Si j’ai quelque chose à vous dire aujourd’hui, c’est cela. On est tous pareil. Chaque homme, chaque femme peut prendre pouvoir sur sa propre vie, quand il en vient à considérer que le changement est moins pénible que la souffrance ressentie.
Si vous connaissez quelqu’un qui a un TPL, ne pensez pas qu’il soit bien dans sa situation:
1- Il se peut que cette personne soit en pré-contemplation. Alors elle ne voit pas le problème car les schèmes de pensées qu’elle a acquis dans sa vie lui font percevoir les évènements comme une impasse dont elle est nécessairement victime. Cette personne a besoin qu’on l’aide à ce moment précis à reconsidérer ses perceptions des diverses situations vécues. Elle ne peut pas encore penser autrement que ce qu’elle a apprit. Elle vous engueulera peut-être, elle vous rejettera… mais elle a besoin de savoir qu’il y a différentes manières de percevoir une situation. Le journal cognitif est un bel outil car il permet à la personne de considérer d’autres manières de penser.

2- Il se peut qu’elle réalise enfin que ce qu’elle vit est problématique. Elle rumine, se plaint, chiale, braille. Elle ne sait pas quoi faire pour changer et elle n’est d’ailleurs par certaine de vouloir aller de l’avant, vers l’inconnu. Par contre, à cette étape-ci, elle est davantage ouverte à vous écouter. Si vous lui parlez, elle ne va peut-être pas vous donner raison, mais dans sa tête, elle tournera la situation dans tous les sens… jusqu’au jour où à bout de nerfs, à bout d’avoir mal, elle tombera enfin dans la préparation… et  dans l’action…

3- Finalement, je tiens à vous rappeler qu’en tant que proche d’une personne TPL, vous allez vivre de la colère, de la tristesse, de la peur, du découragement. Parce-que le cycle est en mouvement, il se peut que votre proche recule, avance, retombe même en contemplation…

Mais elle changera…. à 50 ans, 90% des personnes ayant un TPL sont considérées comme guérits. Répétez vous le souvent ! Ça viendra… Lentement mais sûrement !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Entretien_motivationnel
http://www.editionshelpmedical.com/web/conseils-sante/les-etapes-de-changement-de-comportement/

documents plus long mais beaucoup plus complet et qui intéresseront très certainement ceux qui pratique ou étudient dans un domaine relié à l’intervention psychosociale:
http://www.infiressources.ca/fer/depotdocuments/L_entretien%20motivationnel.pdf
http://www.motivationalinterview.net/clinical/motivationelle.pdf

2 commentaires sur “On a un gros problème Watson !

  1. Lache pas ma belle , je te lai deja dit et le le redit encore bravo pour tout ce que tu fais pour nous tous ,Tu es un exemple de courage et de détermination malgrés toute les obstacle BRAVO , ne laisse jamais cette belle écriture que tu fais cest merveilleux tout ce que tu arrive a écrire pour faire comprendre au autre ce que cest un tpl , je suis tres contente de t avoir dans notre groupe ….MERCI

Laisser un commentaire